ARGUS de la PRESSE
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L'INFORMATION
3 février 1956
APRES SON SON SUCCES «D'ANDREA»
Hugo Claus prépare une "Histoire de Brigands"
ENTRE Gand, la ville des floralies, son actuel port d'attache, Bruges, la Venise du Nord où il est né, Paris où Sacha Pitoëff a monté au théâtre de l'uvre sa pièce « Andréa ou la fiancée du matin », d'où la Radiotélévision l'a diffiusée, j'ai rencontré Hugo Claus, le cheveu byronien, l'oeil clair, épris de rêve et de réalité et, malgré le succès qu'il vient de connaître à 27 ans, aussi peu Rastignac que possible.
Comment a-t-il préludé au difficile métier d'auteur dramatique ?
- En écrivant un certain nombre de pièces en un acte.
- Et quel projet fait suite à « Andréa » ?
- Une histoire de brigands.
- Vous êtes-vous mis d'emblée à écrire pour la scène ?
- Je n'ai jamais pu imaginer une autre carrière que celle des lettres. Depuis peu, je m'y consacre entièrement. Pour vivre, j'ai dû exercer les métiers manuels les plus divers tout en écrivant des romans, des nouvelles, et surtout des poèmes.
Il n'est pas un spectateur, un auditeur, un lecteur d' « Andréa » qui puisse en douter.
- J'ai publié quatre recueils de poèmes, précise Hugo Claus. « Une Maison qui se trouve entre le jour et la nuit » et « Poèmes d'Oostakker » me sont le plus chers. Mes romans ont été publiés chez Fasquelle. Le premier a été traduit aux Etats-Unis.
- Tenez-vous de votre ascendance ce besoin d'écrire ?
- Non. Et les miens ne m'on jamais prodigué le moindre encouragement. C'est à mon propre compte d'entorses au confort et à la facilité que j'ai fait cet apprentissage.
La sensibilité de ce jeune homme aurait-elle été marquée par la guerre qui pesa de sa dixième à sa quinzième année ? Lui aurait-elle donné le sens dramatique que révèle « Andréa ou la fiancée du matin » ?
Il ne le croit pas :
Hugo CLAUS
- J'ai subi trois influences intellectuelles et affectives: celle du surréalisme, celle du romantisme allemand, celle des romanciers américains du demi-siècle. La littérature française moderne ne m'a pas donné le même choc bien que j'ai beaucoup d'admiration pour Queneau, Michaux.
- Est-ce en Belgique que vous travaillez le mieux ?
- Me prendriez-vous pour un sédentaire ?
"J'ai voyagé... J'ai passé trois ans à Paris deux à Rome et je travaille n'importe où à condition d'être au calme."
- Aviez-vous envoyé le manuscrit d' « Andréa » à Sacha Pitoëff ?
- Si les choses traînent parfois dans ce domaine, ce ne fut pas le cas, Pitoëff a lu la pièce sur les insistances d'un ami commun et le soir même, par le portier de mon hôtel et le billet qu'il me remit, j'apprenais qu'elle serait montée et jouée à l'uvre.
Marie-Louise BEUCKE.