Le Drapeau Rouge
30-10-1978
Au 140 à Bruxelles
Vues de Port-Saïd
Sur fond de scène blanc apparaissent des formes lumineuses abstraites, tandis qu'un piano égrène Chopin. Mouvements et couleurs qui suggèrent une poésie sans discours.
Ce prologue des Vues de Port Saïd, présentées la semaine passée au Théâtre 140, reste le trait marquant du spectacle, avec la première « scène », ébauche d'une psychanalyse toute en miroirs intérieurs.
Par la suite, le jeu et l'utilisation de la musique répétitive américaine rappellent le théâtre de Bob Wilson. Mais à comparer, on voit combien manquent ici la rigueur et l'intense concentration requises par la musique des Phil Glass et autres Charlemagne Palestine. Sans les moyens de Wilson, certes, mais aussi sans le cheminement intellectuel qui l'a conduit au théâtre, les comédiens du groupe Il Carozzone proposent une version tronquée du spectacle qu'ils ambitionnent. La maladresse des entrées et des sorties de scène, les trop brusques changements de rythme, l'inféodation au tempo musical n'atteignent pas à la poésie de l'homme-chose.
Inévitablement, malgré un sens certain de la mise en page, ces lacunes conduisent à d'autres ressorts théâtraux : on débouche sur les facilités de l'érotisme mécanisé, proche d'un voyeurisme détourné bien sûr, mais dont la nécessité n'apparaissait guère en regard des références affichées.
Paul ARON.
Auteur Paul Aron
Publication Le Drapeau Rouge
Performance(s) Veduto di Porto Said
Date(s) du 1978-10-25 au 1978-10-29
Artiste(s) Groupo Il Carrozone
Compagnie / Organisation